Le Réseau des Pèlerins de Marienberg
Pour repartir chacun, tous et ensemble, de notre berceau commun !
Le Cameroun est né à la croisée d’une expérience historico-politique plurielle :
les populations des chefferies indigènes se sont progressivement et successivement brassées sous le Protectorat allemand (1884-1915), le Mandat de la Société des Nations (1915-1916) et la Tutelle franco-britannique (1916-1960). Depuis le 1er octobre 1961,
date qui consacrel’indépendance totale ainsi que la Réunification de territoires divisés et administrés par des puissances étrangères, les Camerounais sont devenus, objectivement, les acteurs principaux du développement de leur pays.
Aujourd’hui des acquis sont certainement notables et enviables sur les plans politique, économique, sportif, social etc. Ici et là, on en jouit cependant,parallèlement et curieusement, avec un sentiment d’insatisfaction
résignée querésume bien une exclamation interrogative devenuepopulaire : « On va fairecomment ?! ». Au regard des potentialités du Cameroun, tout indique en effet que pour beaucoup, les natifs du pays comme les étrangers du reste, nos performances de développement sont, dans tous les domaines vitaux, loin d’atteindre le niveau qu’on pourrait légitimement attendre. Il y a comme une inertie de fond qui paralyse et/ou fait tourner en rond, malgré les apparences de vitalité fortement et diversement entretenues. Dans ce contexte prospère une intuition de plus en plus partagée, largement :il est possible de sortir des impasses profondes et de faireautrement et nettementmieux, avec un supplément d’âme à puiser désormais et inlassablement , chacun, tous et ensemble, dans nos sources historico spirituelles respectives! C’est cetteintuition qui a essentiellement inspiré la naissance du « Réseau des Pèlerins de Marienberg ».
Marienberg est un mot allemand qui signifie littéralement «La Montagne de Marie ». Au Cameroun il désigne, aujourd’hui, une petite localité située à unecinquantaine de kilomètres de la ville d’Edéa,
dans le village Elog Ngango, au centre est de l’arrondissement de Mouanko. 8 religieux allemands de la congrégation des Pallotins, conduits par le Père Heinrich Vieter, y ont été accueillis par le chef Toko en 1890 et fondé cette
même année la toute première mission catholique du Cameroun. Ils arrivaient de Douala et d’Edéa où ils n’avaient pas pu s’établir à cause entre autres raisons de la présence antérieure, dans ces « zones confessionnelles » délimitées par l’administration allemande, des Pasteurs de la Mission protestante de Bâle déjà en place depuis 1845. L’implantation des Pallotins allemands à Elog Ngango s’est faite sur le lieu dit « Sô-Bikat », ainsi nommé dans la langue locale bakoko parce qu’il s’agissait alors d’un terrain où abondaient des vers de terre prisés par les poissons et servant d’appâts aux pêcheurs du fleuve Sanaga alentour.
A Sô-Bikat, un « lieu où se faisaient toutes sortes de fétiches », les religieuxallemands venus annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ au Cameroun ont péniblement vécu dans un environnement physique hostile. C’était, ont-ils écrit, à cause des « insectes et du paludisme, de la peur des serpents, des fourmis, del’isolement ». Bon nombre d’entre eux sont décédés peu de temps seulement après leur arrivée, comme on peut le voir affiché à l’entrée de la chapelle actuelle un héritage des religieux spiritains français à qui la poursuite de la mission d’évangélisation commencée a été confiée plus tard. Les missionnaires pallottins allemands, rejoints par
les Soeurs pallotines en 1892, sont en effet restés à Marienberg jusqu’au 25 octobre 1914, date à laquelle les survivants ont été faits prisonniers et chassés du Cameroun par les forces armées
anglo-françaises alliées, suite à la déclaration de la première guerre mondiale qui a eu lieu de 1914 à 1918.
C’est le premier curé de la mission catholique alors en création qui, du faitdes nombreux dons qu’il recevait de son village natal d’Allemagne, a donné au site d’implantation le nom d’une montagne
de Wursburg, « Marienberg », « La Montagne de Marie ». Sans doute en signe de reconnaissance et, probablement, en vue d’un éventuel jumelage. Le Père Goerges Walter fut certainement inspiré, également, par l’élévation du sol à une quinzaine de mètres au dessus du cours du fleuve Sanaga ainsi que par le côté marial de la spiritualité de sa congrégation religieuse. Pour nous, la vérité historique et spirituelle
essentielle reste que le 08 décembre 1890 les Pallotins allemands ont consacré leur mission fondatrice et notre pays à Marie Reine des Apôtres. L’acte verbal de consécration contient une profession de foi engageante et interpellatrice ; il décline des éléments dont nous devons absolument tenir compte dans la dynamique de construction de notre identité nationale : « La Patronne du Cameroun nous pro-tégera et nous montrera le juste chemin. Jadis, nous avons entendu parler de la souffrance des missionnaires et considéré leur vie de sacrifice comme quelque chose de merveilleux. Maintenant le temps est venu pour nous-mêmes de vivre cela. Nous réussirons si chacun de nous veille fermement à son poste.»
Durant le quart de siècle de leur présence chez nous et surmontant les adversités de divers ordres, c’est bien de Marienberg (1890) que les premiers missionnaires catholiques et leurs collaborateurs camerounais réussiront, sommetoute, à étendre leur oeuvre socioreligieuse et heureuse dans le pays. Notammentsur la Côte, dans le Sud-ouest, l’Ouest, le Centre et le Sud. Ici et là, Marienberg a successivement donné naissance à d’autres pôles d’inspiration évangélique et de développement connexes, lesquels ont continué de profiter aux Camerounais sans distinction, de génération en génération : Sacré-Coeur à Edéa (1891), Saint Joseph à Kribi (1891), Our Lady of Angels à Bojongo (1894), Saints Pierre et Paul à Douala (1898), Saint Pierre-Claver à Grand Batanga(1900), Saint-Esprit à Yaoundé(1901), Notre-Dame des Apôtres à Ikassa (1906), Einselden, tout près de Buéa (1907), Holy Trinity à Limbé (1908), Saint François-Xavier à Ngovayang(1909), Sacré-Coeur à
Dschang(1910), Saint André à Nkondjock (1911), Ossing (1912), Saint Coeur de Marie à Minlaba (1912), Saint Jean de Deido à Douala (1913). Erigé aujourd’hui en Centre national de pèlerinage par les Evêques du Cameroun, Marienberg est donc pour nous la source d’une énergie vitale primordiale. Celle dont nous avons manifestement le plus besoin comme individu et comme communauté à la recherche d’un de développement intégral et harmonieux.
Cette énergie vitale primordiale autorise à rêver et à bâtir sur le roc, avec des repères fondamentaux reconnus à des personnes qui ont contribué à leur manière à l’émergence d’une conscience nationale camerounaise. Du côté de nos compatriotes, au rang desquels figurent
en premier le chef Toko et les habitants d’Elog Ngango, il y a l’accueil, l’hospitalité et la collaboration envers les étrangers de bonne foi ; du côté de ces derniers on peut souligner une opiniâtreté et une assurance extraordinaires, le sens aussi bien du sacrifice, dudiscernement que de la responsabilité, l’unité et la cohérence de vie.Toutes choses et bien d’autres encore qui nous sont aujourd’hui nécessaires et indispensables.Les membres du Réseau des Pèlerins de Marienberg veulent se situer, plus que par le passé, dans la mouvance de la fidélité à un héritage identitaire qui attend d’être assumé et mis à contribution, comme l’ont fait Andréas Mbangue, Maximilien- Marie Ebembé et d’autres.
Nous désirons vivre de l’Esprit de la Fondation spirituelle de notre pays, le faire connaitre et en partager les fruits dont le Pape Jean-Paul II en visite chez nous en 1985 disait déjà qu’ils sont «merveilleux»… Nous désirons vivre de l’Esprit de la Fondation spirituelle du pays d’autant plus que les Evêques catholiques du Cameroun ont précisément , cent ans (1990) et 120 ans (2010) après et toujours un 08 décembre à Marienberg, renouvelé le geste historique de consécration des Pallotins allemands ; en l’actualisant d’une manière qui appelle aujourd’hui les consciences des Camerounais et de celles des personnes qui veulent pour nous un vrai décollage à « la ferveur spirituelle afin que s’établisseici et là l’entente cordiale, la confiance et l’acceptation mutuelle entre
les individus, entre les familles, entre les ethnies ». Adhérer au Réseau des Pèlerins de Marienberg, c’est s’engager résolument à entretenir la conviction que le Cameroun gagnera le combat pour son unité et son développement en se laissant aussi inspirer par l’âme créatrice d’un berceau sacré, lequel berceau nous est assurément commun. A nosmarques, prêts, connectons-nous et repartons donc, de notre Marienberg !